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Les emballages, un bastion de l’économie du jetable
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Si l’on en croit les producteurs qui alimentent les rayons des grandes surfaces, ces derniers rivaliseraient d’ingéniosité pour soulager la planète en proposant le minimum d’emballage. Un recadrage s’impose. Les emballages représentent encore plus d’un quart du poids de la poubelle moyenne et leur volume ne cesse de croître. Un foyer jette en moyenne dix emballages par jours.

Lorsqu’un industriel fait un effort pour réduire ses emballages, c’est d’abord et seulement si cela fait sens d’un point de vue économique. Tout le problème est là, car l’emballage constitue l’un des meilleurs outils marketing pour l’industriel. Comment différencier deux marques de coquillettes dont le prix est sensiblement le même ? Comment choisir entre deux dentifrices qui rendent l’haleine fraîche et les dents blanches ? Vous achèterez sûrement le produit dont l’emballage vous attire le plus. L’emballage, comme veulent nous le faire croire les industriels, n’est pas seulement un élément de praticité pour le consommateur, une protection contre le vol ou un outil de conservation du produit. C’est avant tout un moyen de vous diriger vers leur produit plutôt que vers celui de leur concurrent direct. Autrement dit, il s’agit d’un outil marketing stratégique au service de la croissance du chiffre d’affaire.

L’initiative de Leclerc d’enlever le carton de sur-emballage du dentifrice de sa marque propre est l’arbre qui cache la forêt de l’emballage inutile : de plus en plus de fruits et légumes vendus sous barquette plastique, concombres sous cellophane, yaourt et dessert en pot individuel entourées d’un carton de sur-emballage, sachets de thé individuels emballés dans un papier et eux-mêmes contenus dans une boîte en carton sur-emballée d’un film plastique, biscuits et goûters sur-emballés, morceaux de sucres emballés individuellement dans du papier et vendus dans une boîte en carton, unidoses de café, capsules plastique de lessive contenues dans une boîte en plastique, la liste est encore longue.

Repenser le conditionnement

On ne peut se satisfaire de la seule réduction du poids unitaire des emballages. Prenons l’exemple des pots de yaourt. Une alternative sensée consisterait à proposer le yaourt en pot de 500g. Aucun des grands producteurs français de dessert lacté ne l’a encore fait : serait-ce une prouesse d’innovation technologique irréalisable à moins d’investir des millions d’euros en recherche et développement ? On ne parle pourtant pas ici d’envoyer un yaourt sur la lune. Nos voisins allemands utilisent ces grands pots depuis des années.

La bataille contre l’emballage inutile est loin d’être gagnée : moins d’emballages c’est moins de ressources gâchées, moins d’énergie dépensée, moins de gaz à effet de serre émis mais surtout moins d’argent pour les fabricants d’emballages et les producteurs. Les emballages inutiles sont une gabegie de matière et d’énergie, le symbole d’une économie du jetable. Les stocks de ressources sont pourtant limités et en grande partie non renouvelables.

Soutenir le développement des systèmes de réutilisation

Des solutions moins génératrices de déchets, fondées sur la réutilisation existent. Ces systèmes impliquent cependant une participation active des distributeurs.
La consigne a quasiment disparu de notre pays au profit d’emballages jetables. Elle existe pourtant toujours en Allemagne, en Autriche, en Suède ou aux Pays-Bas et des initiatives sont engagées en France pour la relancer au niveau local.
La bouteille en verre pouvant être réutilisée jusqu’à 50 fois, et la bouteille en plastique PET jusqu’à 25 fois, la consigne présente des avantages environnementaux évidents, si elle est organisée le plus localement possible.

La vente en vrac, courante en supermarchés pour les produits secs au Canada ou en Allemagne, l’est beaucoup moins en France. De nombreux magasins de produits biologiques proposent cependant un rayon vrac, et une chaîne de grandes surfaces traditionnelles a également installé des distributeurs de riz, pâtes et autres produits non périssables dans quelques uns de ses magasins. Enfin, certaines enseignes, encore trop peu nombreuses, innovent en proposant des systèmes de vente en vrac pour des produits comme la lessive, au moyen de distributeurs spécialement conçu pour les produits liquides.
Ces dispositifs ne sont le plus souvent qu’au stade de l’expérimentation, mais ils méritent d’être soutenus.

La lutte contre le gaspillage de ressources lié aux emballages jetables est une nécessité environnementale qui exige une démarche active de la part du consommateur. Au delà du geste d’achat individuel, il s’agit d’exprimer le souhait d’évoluer vers des modes de distribution locaux, impliquant moins d’intermédiaires et des surfaces et stocks moins importants. La réduction des déchets à la source est ainsi étroitement liée aux autres principes et fondements d’une consommation responsable.

Cet article est extrait du Cniid-infos n°39 (Avril-Juin 2011), un bulletin financé par les adhérents du Cniid et dont ils ont la primeur. Si vous voulez soutenir cette information, adhérez !

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