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Méthanisation : de la com’, mais à quand l’action ?
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Le 22 octobre 2009,

La méthanisation est un procédé de traitement des biodéchets qui présente de nombreux avantages environnementaux par rapport à l’incinération et l’enfouissement. Elle valorise doublement le flux de ces déchets ménagers ou professionnels : valorisation matière via la production de compost et valorisation énergétique via la production de biogaz.
Son développement permettrait notamment de réduire fortement l’enfouissement des déchets organiques responsables des émissions de méthane des décharges.

La capacité de méthanisation française demeure très faible

Et pourtant… Malgré ses atouts, la méthanisation a du mal à décoller en France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors qu’environ 100 kg de déchets par an et par habitant sont méthanisables, la capacité française de méthanisation n’atteint que 3 kg/an/hab, soit moins d’1% de la quantité totale des déchets ménagers produits par an et par habitant. En comparaison, la capacité d’incinération absorbe 200 kg/an/hab.

Les annonces gouvernementales sur le plan déchets 2009-2012 et la communication positive opérée autour de la méthanisation ne doivent pas masquer le frein principal au développement de ce traitement. Le coeur du problème est en effet le tarif de rachat du biogaz épuré pour injection dans le réseau de gaz naturel de ville (GNV). En effet, seule l’électricité produite par la méthanisation bénéficie aujourd’hui d’un tarif de rachat préférentiel, au même titre que celle produite par incinération ou la transformation du biogaz de décharge. Le gaz biométhane issu de la méthanisation n’en bénéficie pas alors qu’il est d’origine 100 % renouvelable, et utilisable pour le transport ou l’alimentation des réseaux.
L’absence de dispositif de soutien aux débouchés autres que l’électricité ne favorise donc pas le développement optimum de la méthanisation.

Un obstacle : l’absence d’un tarif préférentiel de rachat du biogaz

La France a pourtant tout intérêt à privilégier l’ensemble des moyens lui permettant d’améliorer son autonomie énergétique. Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie, se dit « ouvert(e) à une concertation sur la question d’un tarif de rachat du biogaz » [1], ce qui ne laisse pas augurer une évolution rapide de la situation.
Les pionniers en la matière subissent aujourd’hui cette lacune. La communauté urbaine de Lille ne peut pas valoriser son biogaz comme elle le souhaiterait, c’est-à-dire comme carburant et en l’injectant dans le réseau de GNV. En raison d’un vide juridique autour de la méthanisation, Lille a dû patienter un an et demi avant d’obtenir des réponses de la part de l’Etat sur la possibilité de valoriser le biogaz en carburant pour les bus de la ville.
Aussi, malgré l’avis positif de l’AFSSET concernant l’injection du biogaz de méthanisation épuré dans le réseau de GNV, il semble que des blocages soient difficiles à surmonter, ne relevant pas uniquement de problèmes techniques ou sanitaires. Il est urgent que le gouvernement cesse d’avoir une attitude incohérente consistant d’un côté à vanter les mérites de la méthanisation en la présentant comme un outil efficace de gestion durable des déchets et de production d’énergie renouvelable, et de l’autre à ne prendre aucune décision concrète permettant le développement pérenne de cette filière. Cette inaction reflète finalement le contenu du texte de loi dit Grenelle I qui a renforcé les privilèges de l’incinération. Certains secteurs obtiennent plus facilement que d’autres les faveurs de nos décideurs...


[1Chantal Jouanno, lors de sa visite à Varennes-Jarcy, le 2 septembre 2009

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