Depuis 2008, le prix des bouteilles en plastique collectées en vue de leur recyclage a beaucoup fluctué. Il était de 234 euros la tonne fin 2008, puis a dégringolé dans les premiers temps de la crise économique en 2009 à 61 euros la tonne et culmine finalement aujourd’hui à 258 euros la tonne, un record jamais atteint. Pourtant, la crise économique n’est pas terminée. Le secteur du recyclage n’échappe pas au « jeu » des marchés. Ainsi le cours du plastique PET (résine vierge, et matière récupérée), à l’instar de celui du pétrole, ne représente pas la vraie valeur de cette matière, qui devrait sans cesse augmenter étant donné sa raréfaction continue.

Recyclage n’est pas forcément synonyme de développement durable

L’Europe a développé ces dernières années un tissu industriel de recyclage du plastique en cohérence avec les politiques européennes de gestion des déchets et des ressources visant à établir « une société du recyclage ».

L’augmentation du prix de la balle de plastique polyéthylène récupéré (PET), si elle est due en partie à la croissance de la demande dans les usines de recyclage européennes conjuguée à une trop faible collecte des emballages en plastique PET, est également une réponse aux impératifs de la mondialisation des flux économiques. En effet, la hausse des prix des balles de plastique PET est aussi accentuée par l’export de balles de plastique PET vers l’Asie, rendant les stocks disponibles en Europe plus faibles. Les recycleurs achètent donc de plus en plus cher la balle de bouteilles de PET pour fabriquer le PET recyclé. Les balles de plastique parcourent des milliers de kilomètres afin d’alimenter l’industrie des biens manufacturés dans les pays d’Asie avant d’être renvoyées dans les pays européens sous forme de produits finis prêt à consommer.

Si l’intérêt environnemental du recyclage est prouvé par rapport aux autres voies de traitement, ses bénéfices seront d’autant plus importants que les transports seront réduits et l’économie relocalisée. En outre, quand le recyclage s’effectue dans des pays comme la Chine, des interrogations légitimes se posent sur les conditions de travail des ouvriers.

La loi des marchés fragilise les débouchés du PET recyclé

Enfin, les recycleurs sont confrontés, en plus d’un prix très élevé du plastique PET récupéré, à une diminution du prix du plastique PET recyclé. En effet, le prix de la résine PET vierge est très bas en ce moment, ce qui rend le plastique PET recyclé non concurrentiel car trop cher.
La logique environnementale du recyclage se heurte ici à la logique économique de court terme, rendant ainsi difficile la mise en œuvre d’une politique durable de gestion des ressources, nécessairement calquée sur le long terme.
C’est pourquoi les pouvoirs publics, au niveau européen, doivent prendre des mesures pour assurer les débouchés des matières recyclées dans les systèmes de production. Lors de la prochaine révision de la directive emballages (qui aurait déjà du être révisée) le Cniid souhaite que l’Union européenne intègre des objectifs d’utilisation de matières recyclées dans les emballages.

Le Cniid soutient qu’une gestion plus économe des ressources est impérative, et que la réduction à la source des déchets et l’éco-conception des produits doivent demeurer la priorité par rapport au recyclage. Ce dernier prend en effet place dans une économie de marché mondialisée et en subit les fluctuations et les crises. En outre, de nombreux matériaux, comme le plastique, ne sont pas recyclables à l‘infini. Ces limites démontrent que le recyclage ne peut être la seule réponse à une raréfaction lente mais certaines de nos ressources. La réduction s’impose, notamment dans le secteur des emballages !