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Feu l’unité de TMB de Fos-sur-Mer
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Le 13 novembre 2013,

Dans la nuit du 2 novembre, un incendie s’est déclaré dans le centre de traitement multi-filières de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Ce site, qui gère les ordures ménagères des 18 communes faisant partie de la Communauté Urbaine de Marseille (MPM), est exploité par la société Evéré, du groupe espagnol Urbaser.

Le centre de traitement est composé du couple valorisation énergétique/organique, c’est-à-dire un incinérateur et une usine de traitement mécano-biologique (TMB). L’ensemble traite 410 000 tonnes de déchets par an, mais le TMB à lui seul ne peut gérer que 110 000 tonnes. C’est pour cela qu’on parle le plus souvent de "l’incinérateur de Fos", sans mentionner la partie valorisation organique. D’ailleurs, il a été dit par abus de langage dans de nombreux média "l’incinérateur prend feu", mais c’est dans la partie valorisation organique du site que le feu a fait rage. Seulement, cela manquait de calembours.

Que se passe-t-il donc dans la partie valorisation organique de ce site ?

L’unité de valorisation organique est ainsi composée : tri, méthanisation et compostage. Les déchets arrivent en mélange et par traitement mécanique puis biologique, le procédé entend séparer les biodéchets (présents dans les ordures ménagères) du reste, avant de les méthaniser pour obtenir du biogaz, puis de composter le digestat issu de la fermentation.

Le problème de ce type de procédé est que les biodéchets sont pollués par tous les autres déchets encore jetés en mélange en France : piles, protections hygiéniques, médicaments, etc. Cette contamination se fait dès l’instant où ils entrent en contact, dans les poubelles chez les particuliers. Même si une partie de ces contaminants sont retirés ensuite, la pollution a bien eu lieu. Et elle se retrouve dans le produit final, c’est-à-dire le compost destiné à l’agriculture [1].

Evéré indique sur son site internet que 500kg de compost sont produits à partir d’une tonne de déchets. Sachant que 110 000 tonnes par an d’ordures sont traitées par cette unité, cela fait beaucoup de compost "pour fertiliser les sols agricoles" (citation Evéré).

Par ailleurs, 130m3 de biogaz sont produits pour chaque tonne de déchets entrants dans les deux digesteurs, ceux-ci ayant une capacité de 3000 tonnes de matière organique. Le feu et le gaz en milieu confiné ne font pas bon ménage, mais heureusement, l’incendie n’a pas touché les digesteurs. Cela aurait autrement rappelé l’explosion qui a eu lieu sur les usines d’Urbaser à la Corogne (Espagne, Nostian) ainsi qu’en Allemagne (Daugendorf et Gottingen).

Ce n’est pas non plus la première fois qu’une installation Urbaser connaît un incendie. Il y a également eu Mons en Belgique (2008) et Barcelone en Espagne (2010) et plus récemment Varennes-Jarcy (été 2013). Pour rappel, Urbaser a pour projet l’installation d’une nouvelle usine de TMB à Romainville (93) qui serait la plus grande d’Europe. Elle serait donc construite en zone urbaine, aux portes de Paris.

Le mécontentement du Maire de Fos-sur-Mer

Le Maire de Fos-sur-Mer, opposant historique au projet d’incinérateur, exprime son avis sur la situation au micro de TF1 : "Si au lieu de faire une énorme usine, encore une fois chez le voisin, on avait pris nos responsabilités les uns et les autres et avions fait de petites unités de méthanisation un peu partout, aujourd’hui nous n’en serions pas là."

En effet, l’unique solution pour éviter cela est le tri à la source des biodéchets pour les traiter en compostage et méthanisation, en respectant le principe de proximité (cf. la campagne "Je veux mon bac bio").

La partie TMB ayant été détruite à 80% cela pourrait être un bon point de départ pour mettre en oeuvre une nouvelle stratégie de gestion des biodéchets sur le territoire. Qu’en pense la Communauté Urbaine de Marseille ?

Crédit photo : Libération

Contact : Laura Caniot


[1Il existe bien une norme pour contrôler ces composts (NFU 44051), cependant elle n’est pas assez exigeante et ne permet pas de garantir l’innocuité de l’impact sur les terres agricoles et donc sur les aliments qui en sont issus. Cette norme tolère entre autres la présence, pour un mètre cube de compost produit, de 2,7 kg de plastiques et 5 kg de verre et métaux.

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