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Eco-Emballages : petit point vert, gros point noir
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Faire la lumière sur Eco-Emballages est une mission fastidieuse mais nécessaire à laquelle le Cniid s’attache depuis plusieurs années. En 1992, l’Etat a confié, via un agrément, à cette société des missions d’intérêt générale : contribuer à la politique de prévention de la production de déchets et favoriser la collecte, le tri et le traitement des emballages ménagers. Force est de constater que l’intérêt général passe souvent à la trappe au profit d’intérêts particuliers, en premier lieu ceux des industriels actionnaires d’Eco-Emballages.

La consigne : une menace pour la planète Eco-Emballages

L’acharnement des associations de protection de l’environnement a permis d’obtenir une étude, co-financée par Eco-Emballages et l’ADEME, sur l’intérêt de la consigne des emballages de boisson en vue de leur réutilisation. Le Cniid a participé au comité de pilotage de ces travaux. Certaines personnes, tout droit sorties des cabinets de lobbying bruxellois, n’étaient présentes que pour veiller au bon respect des intérêts des groupes industriels de l’emballage. L’étude n’a pas démontré que la consigne pour réutilisation avait un bilan environnemental négatif. Pourtant, elle a soigneusement été rangée au placard et ni les pouvoirs publics ni les industriels n’ont pris une décision en vue de réintroduire la consigne. Grâce aux associations de protection de l’environnement, dont le Cniid, on dispose aujourd’hui de données prouvant que la consigne est pertinente d’un point de vue environnemental. L’ignorer relève donc bien d’une décision économique visant uniquement à protéger les bénéfices des groupes industriels du secteur de l’emballage de boisson. Soulignons que ce secteur est très bien représenté au sein d’Eco-Emballages puisque le président du Conseil d’administration n’est autre qu’un poids lourd du lobby international des eaux en bouteilles, ayant notamment fait ses classes au sein du groupe Danone.

Le greenwashing, une arme pour gonfler les ventes

Les actionnaires d’Eco-Emballages, géants de l’agro-alimentaires et des produits de consommation courante, rivalisent d’ingéniosité en termes de greenwashing : oui à la communication verte, mais seulement si cela ne met pas en danger leurs marchés.

Dernière démonstration d’un pseudo-engagement « écolo » de la part d’Eco-Emballages : l’invention de la poubelle de tri spécialement conçue pour la salle de bain. Fort des résultats d’un sondage indiquant que les français trient très peu les déchets de la salle de bain, Eco-Emballages s’est associé à une grande marque de cosmétique (Garnier, filiale de L’Oréal), un de ses actionnaires, pour promouvoir une poubelle de tri à l’effigie des deux sociétés et de leurs produits. Opération de sensibilisation ou opération de communication ? Lors de la conférence de presse, les journalistes ont reçu des échantillons des produits de la marque, dont un pot de crème emballée dans quatre matériaux différents (verre, différents plastiques et cartons) et contenant seulement 50 grammes de crème pour un poids total de 250 grammes ! On est donc en droit de se poser la question suivante : la mission d’information sur le tri sert-elle à promouvoir les produits sur-emballés et mal conçus des actionnaires d’Eco-Emballages ou à inciter les Français à trier plus ? Si l’information et la sensibilisation des citoyens-consommateurs est l’une des missions assignées par l’Etat à Eco-Emballages, la publicité pour ses actionnaires n’est en revanche pas inscrite au cahier des charges. Mais elle peut en effet servir à rentabiliser les contributions faites par les industriels à Eco-Emballages en permettant un retour sur investissement. Astucieux non ?

Un système opaque mais persistant

Le Cniid a été entendu en 2009 par les experts chargés de rédiger un rapport d’audit sur la société Eco-emballages, demandé par plusieurs ministères suite au scandale financier de 2008. Le Cniid a largement contribué à diffuser les conclusions accablantes de ce rapport afin d’alerter le public sur les dérives de cette filière des emballages ménagers : performances nationales de recyclage artificiellement gonflées, mission pour la prévention non remplie, contributions financières versées par certains producteurs inférieures au barème en vigueur, système de contributions non incitatif à la réduction et à l’éco-conception des emballages, manque récurrent de transparence, etc.

Le fond du problème réside également dans le monopole qu’Eco-Emballages a constitué depuis presque 20 ans. L’Etat ne prendra pas le risque de ne pas renouveler l’agrément (période 2011-2016) car cela pourrait bloquer le système de financement de collecte, de tri et de traitement des emballages ménagers. C’est pourquoi le Cniid demande la création d’une instance de contrôle indépendante et dotée de moyens propres afin de permettre un contrôle renforcé sur Eco-Emballages. Les pouvoirs publics doivent tirer les leçons de ces constats accablants en proposant une refonte profonde du fonctionnement Eco-Emballages.

Cet article est extrait du Cniid-infos n°36 (Avril-Août 2010), un bulletin financé par les adhérents du Cniid et dont ils ont la primeur. Si vous voulez soutenir cette information, adhérez !

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